Homoparentalité : la solution PMA solidaire

L’interrogation sur le mariage gay et lesbien fait irruption sur la scène sociale, renvoyant sur une réflexion autour du fondement de la famille et de la construction de l’identité. Le thème de l’homosexualité tiraille forcément le rapport que chacun entretient avec cette orientation de vie. Ce que souvent on ne veut pas voir, ramené à de l’inexplicable, convoque l’idée qu’il existe une bisexualité chez tous. La référence à cette dimension peut expliquer en partie l’émoi qui traverse les débats. Il n’empêche, la question est maintenant posée. Quand les homosexuels réclament le mariage, on entend au-delà, le droit à l’adoption, la possibilité de recourir à la PMA (don de sperme) et à la GPA (mères porteuses). Les opposants à l’idée de ce mariage alertent sur trois dangers : le diktat du sentiment, la négation de la différence des sexes, les conséquences d’un choix contre nature.

Le diktat du sentiment

Si ce qui fonde le mariage est le sentiment en dehors de toute possibilité de fécondation, et si le désir d’enfant revendique d’être concrétisé, on assiste à une toute puissance du sentiment. Soit du moment que je formule une demande au nom de l’amour, rien ne m’est interdit. Toute dérive, disent les opposants, est alors possible, y compris l’inceste. Ce développement est une provocation; ils ne peuvent pas penser ce qu’ils disent…

De quoi un enfant a-t-il besoin pour la construction de son identité ? Il a besoin d’amour certes, mais aussi de se développer dans une situation triangulaire et stable, c’est à dire dans un couple qui s’aime et dont il est de temps en temps exclu. Sur cette exclusion se fonde sa capacité à se socialiser, gérer ses frustrations, développer des défenses pour exprimer ses pulsions sous une forme acceptable pour lui et les autres. Il a besoin aussi de modèles. Les couples homosexuels offrent tout cela. Peut-être leur amour est-il plus responsable que celui de couples hétérosexuels pour qui faire un enfant est une évidence. Ils offrent une vie à trois avec un désir charnel qui concerne les adultes seulement. Enfin l’activité symbolique permet de construire des référents multiples.

La négation de la différence des sexes

Les opposants au mariage acceptent qu’il existe une réalité des sentiments et des pratiques : l’homosexualité. Ils savent qu’il y a une réalité sociale, l’éducation d’enfants dans des foyers homosexuels. Mais ils refusent la réelle transformation des mentalités. Certes, un homme et une femme ensemble, ce n’est pas pareil que deux hommes ou deux femmes en couple. Mais ce sont surtout six personnes différentes dans leurs comportements et leurs valeurs. Quand le droit accorde la possibilité de mariage entre personnes de même sexe, il établit certes l’égalité entre hétérosexuels et homosexuels, mais il reconnaît aussi implicitement la bisexualité humaine. La prendre en compte ne remplit pas l’esprit de confusion. Il l’ouvre. Cependant, dire que la différence fondamentale entre un homme et une femme est le rapport à la fécondation, me paraît juste. C’est pourquoi il faut réfléchir à ce choix contre nature que permet la science.

Un choix contre nature

Depuis l’époque néolithique, période d’émergence de la volonté pour l’humanité de maîtriser l’environnement, la première pierre polie a ouvert la voie de l’émancipation des contraintes de la nature. La pilule contraceptive et la pierre polie, deux repères essentiels sur le chemin de l’évolution. Dans cette même perspective, la science permet d’aider à la procréation. Or, cette pratique, bonne en soi, a un revers de médaille, lié à l’exigence de la complémentarité des sexes dans l’acte de procréation. Avec la PMA, le nom du donateur est occulté. Dans les faits, les demandes des enfants devenus adultes pour connaître leur origine ont été importantes au point que maintenant, il est nécessaire de demander au donateur s’il accepte de lever l’anonymat.

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Cette réserve au regard de la PMA, avec donateur anonyme, vaut quel que soit le couple d’où émane la demande d’aide. C’est pourquoi, je suggère une autre forme de PMA, que je dirais  »solidaire »: Un couple de lesbiennes pourrait s’entendre avec un couple gay pour bénéficier d’un don de sperme. Le donateur accepterait de se nommer comme tel vis à vis de l’enfant. La réciproque pourrait être vraie, soit une lesbienne qui deviendrait mère porteuse et accepterait de dire son rôle dans la naissance.

Cette pratique exige deux conditions : que l’enfant soit élevé dans un couple référent stable, et que le couple où vit le donateur ait un désir de maternité ou de paternité plus lointain que l’autre couple. Ainsi, on éviterait les traffics financiers autour de ces naissances. De fait, cet arrangement ressemble à un divorce déjà consommé et assumé. Le mariage gay et lesbien, la PMA solidaire, les mères porteuses, sont les fruits de la créativité d’une société traversée de solidarité et qui avance grâce à des personnes proches les unes des autres.

Deux conditions. Un, l’un des couples est le référent solide pour l’enfant, l’un des conjoints étant parent adoptif. Deux, chacun des deux couples a une envie non équivalente de maternité ou paternité… le couple où vit le donateur pourrait avoir une envie d’enfant plus lointaine, sans obligation juridique de prise en charge.

Le mariage gay et lesbien, la PMA solidaire, les mères porteuses, sont le fruit de la créativité d’une société traversée de solidarité, et qui avance grâce à des personnes proches les unes des autres.