Société : Les Femen et l’Eglise
Femen à Notre Dame – photo michel Heuler (AP/SIPA)
En voulant mettre à bas toutes les formes de patriarcat, les Femen visent d’abord l’Eglise
Dans leurs provocations, les Femen, ces femmes tellement audacieuses, s’adressent en priorité à l’Eglise catholique. Après avoir entraîné la sympathie de certains politiques, elles vont si loin que leurs actions tonitruantes laissent sans voix, ou attirent la condamnation. Elles ont raison, et elles ont tort.
Elles ont raison de tout mettre en oeuvre pour se faire entendre.
L’Eglise abrite ses féministes, elles qui protestent dans les conditions d’un dialogue bienséant. Certaines veulent la prêtrise pour les femmes, elles exigent un autre regard de l’Institution sur les femmes, elle attendent une révision de la condamnation de la pilule. On a envie de dire : cause toujours.
Les Femen contestent l’ingérence de l’Eglise dans la vie personnelle des gens. Son lobbying contre l’avortement, le mariage pour tous, et le soutien (sinon, le fondement), du patriarcat. Elles ont bien raison de lutter conte ce poids de l’Eglise qui voudrait imposer à tous sa morale, raison d’utiliser leur corps comme support médiatique. La publicité ne se gêne pas pour cela, et personne n’y trouve à redire.
L’histoire des femmes et la chasse aux sorcières orchestrée par l’Eglise
Les Femen, sorcières des temps modernes, se souviennent des temps passés. Des milliers de femmes furent brûlées sur les bûchers allumés par l’Eglise sur les places publiques, et ce, jusqu’au XVII° . Elles ont décidé d’inverser le cours de l’histoire. A ce placer de ce pont de vue, elles ont bien raison. Mais posons alors la question : tous les anciens colonisés et humiliés ont-ils raison de s’en prendre, une fois leur liberté et leur dignité acquise, aux enfants des anciens colonisateurs ?
Il y a un moment où il vaut mieux enterrer la hache de guerre, et aller de l’avant, pardonner. Pardonner ? Pas à n’importe quelle condition. Que l’Eglise s’interroge sur sa façon de considérer les femmes, sur le mariage des prêtres, sur l’ordination des femmes, et sur toutes les questions de relations entre sexes. Qu’elle décide donc de mettre en oeuvre l’amour du prochain, homme et femme pareillement.
Les dernières provocations des Femen dépassent la mesure
Elles ont tort de pénétrer dans les lieux de culte pour commettre ce qui aux yeux des croyants, est sacrilège, ou en tous cas, heurte leur conscience. A l’Eglise de la Madeleine, une Femen a simulé un avortement devant l’autel le 20 décembre 2013, acte qui exprimait son souhait d’annuler la fête de Noël : plus de Jésus, plus d’Eglise ni de Noël. elles sonnent les cloches de Notre Dame avec des bâtons prudemment entourés de feutrine en Février 2013. Uriner dans l’Eglise, autre acte symbolique. Le procès contre les Femen prévu le 19 février 2013 est repoussé au 9 juillet.
Elles dépassent la mesure, mais elles osent ce dont peu seraient capables pour se faire entendre ; elles sont jeunes, elles portent à leur manière un message tellement fort qu’on en reste époustouflé.
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