Vieillir sans enfant, le sel de la vie.
No Kid : l’âge permet de donner un vrai sens à sa vie
Le choix de non maternité interroge le fond de la vie : qu’est-ce que je fais sur terre ? Je ne saurais me contenter de réponses toutes faites.
Etre grand-parent : image stéréotypée du bonheur dans le grand âge.
Devant une femme qui tourne le dos à la maternité, survient toujours la menace : comment ferez-vous quans vous serez vieille ? Mettre un enfant au monde, revient-il donc à se tailler un bâton de vieillesse ? Remarque intéressante quand les Childfree, ces femmes libres d’enfant par choix, sont traitées d’égoïstes. Qui donc mérite vraiment l’appelation d’égoïste ? N’est-ce pas ceux qui font des enfants en prévision de leurs vieux jours ?
D’ailleurs, ne sait-on pas que les grands enfants, pour une personne âgée, sont toujours décevants ? Même quand ils manifestent une très grande attention à leurs vieux parents, ce n’est jamais assez. Un vieillard se plaint toujours d’être plus ou moins abandonné, pas assez souvent visité. Sa demande est démesurée car il ne s’est pas préparé à la solitude. Voici une question d’importance pour les femmes, car elles restent en vie plus longtemps que les hommes. Une Childfree évite pour elle ce genre de frustration, l’attente déçue des visites des enfants.
Etre grand parent, un bonheur, en effet, tant que l’on évite l’esclavage. On connaît nombre grands-parents qui n’osent pas refuser la garde des petits enfants plus souvent qu’à leur tour. Les voici encore au service de leurs enfants. Viser comme bonheur seulement l’entourage des petits enfants révèle une grande lacune : l’amour de la vie au sens large, aller au devant de l’inattendu, d’un côté, approfondir ses inclinations personnelles, de l’autre.
Sans enfant, la vie s’intensifie.
Il ne faut pas être paresseux, quand on tourne le dos à la maternité. Pas question de s’abriter derrière la satisfaction du (devoir ) maternel accompli, pas question de se cacher derrière l’écran de la mise au monde d’un enfant, écran renouvelé à l’âge de devenir grand parent. Si j’ai choisi de ne pas avoir d’enfant, ou si la situation s’est imposée à moi, bien obligée de trouver en moi des ressources personnelles pour écrire ma liberté et mes valeurs.
C’est pour cela qu’il faut aller à la rencontre de soi, écouter sa vraie nature, et découvrir ses propres inclinations. Qu’est ce qui me rend heureuse ? Est-ce que je ne fais pas d’enfant parce que je choisis par exemple la jouissance dans l’action comme les femmes d’affaires, la liberté de mouvement comme certaines journalistes, le grand amour dans lequel aucun enfant n’a sa place, une recherche qui m’absorbe toute ?
(photo de Jacqueline de Romilly, par Francis Apesteguy- Le Point 2010; J. de Romilly a consacré une vie de bonheur à la recherche sur les écrits des Grecs anciens)
Ou bien en tournant le dos à la maternité, est-ce que je refuse la violence du monde, ou encore mon projet est-il de rompre la chaîne des générations avant moi ? Si je refuse certaines dimensions de ce monde, que faire de cette révolte ? Quel engagement ?
Quand on a trouvé son inclination, on ne peut alors que s’y donner, approfondir, cultiver. Et arrivée au grand âge, il n’y a pas d’effort à faire pour continuer. Le pli est pris, la passion est là. Et si elle n’y est pas encore, il est toujours temps de s’interroger sur ce qui attire, et ce vers quoi on n’est pas encore allé.
Les stéréotypes gâchent la vie
Quelquefois, certains ne trouvent jamais leur passion. Parce que le temps n’est jamais venu de s’écouter soi-même ; il a fallu se mettre au service de ses enfants puis de ses petits enfants.
Comment trouver sa passion ? Le fil conducteur de la vie ne peut se dégager que si l’on s’écarte des idées toutes faites, la première idée blocante étant qu’une femme ne saurait être heureuse sans être mère. Pour cela, s’intéresser aux événements culturels et puiser à tout ce qui enrichit l’imaginaire, la littérature et ce qu’elle inspire.
Pour cela encore, rencontrer des gens différents de soi, et qui ont autre chose à montrer d’eux-mêmes que des stéréotypes. Avec le temps, on rencontre la complexité de l’être humain, et la richesse de la vie intérieure.
Ensuite, (ou d’abord), il faut s’arrêter aux événénements de la vie qui rendent heureux et vrais, les recueillir comme une eau précieuse, y boire souvent et se faire plaisir. La vie intérieure riche est toujours source de joie.
Il se trouve que les hommes vieillissent bien s’ils terminent leur vie en couple. Mais les femmes, non. Elles ont mieux qu’une vie à deux. Ce qui maintient leur joie de vivre : les relations avec leurs amies. Les femmes parlent facilement entr’elles de leur vie personnnelle, elles se sentent comprises et dynamisées.
Entre passion personnelle et vie amicale, vieillir est une belle aventure intérieure qui peut commencer n’importe quand.
Edith Vallée
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